GREENYARD, M. Hein Deprez, Président: “Notre responsabilité est de nommer de jeunes managers pour inventer de nouvelles solutions pour l’avenir.”
CD
Greenyard est un géant du secteur des fruits et légumes en Europe, avec un chiffre d’affaires de 4,25 Milliards d’euros (approx US $ 5.2 Billions).
Le groupe est le résultat d’une fusion réalisée en 2015. Trois acteurs fusionnent alors : Greenyard Foods, spécialiste des fruits et légumes sous forme préparée (Noliko) et surgelés (Pinguin), Univeg : le spécialiste des produits frais, et le fournisseur de substrats Peltracom.
Univeg a été fondé par M. Hein Deprez, producteur de champignons en 1987. Après une croissance rapide, ce distributeur devient un acteur mondial de fruits, légumes, fleurs et plantes par des acquisitions externes comme Bakker Barendrecht aux Pays-Bas, Katopé en France, Atlanta AG la branche allemande de Chiquita, le groupe Bocchi en Italie ou Alara en Turquie.
La possibilité d'un rachat de Dole Food Company est évoquée en décembre 2017, mais l’affaire ne se fera pas.
Aujourd’hui Greenyard est composée de quatre divisions, 32 centres de distribution et plus de 9000 collaborateurs :
- Greenyard Fresh : ex Univeg
- Greenyard Frozen : ex Pinguin
- Greenyard Prepared : ex Noliko
- Greenyard Horticulture : ex Peltracom
Fructidor.com : « M. Deprez, comment voyez vous ce marché des fruits et légumes alors que vous prenez la tète du groupe ? »
Hein Deprez : « Notre environnement a changé, il est primordial que chacun prenne conscience de l’importance de la notion de durabilité (sustainability). » Dans le marché des fruits et légumes également, il est grand temps d’introduire cette notion de durabilité (sustainability). »
« Chez nous, cette notion de durabilité s’exprime à différents niveaux :
1/ Notre société est gérée par des responsables qui sont aussi durables. Notre responsabilité est d’intégrer de plus en plus de jeunes managers qui doivent être responsables (« accountable ») pour la société.
Pour cela, nous choisissons des personnes dotées d’une bonne éducation, mais pas seulement issues de notre secteur. Nous avons besoin de personnes intelligentes, capables d’apprendre tous les jours dans notre métier. L’innovation est un facteur clé pour notre organisation, pour intégrer de nouveaux concepts.
2/ Cela signifie aussi de mettre sur le marché du produit qui soit « payable » par tout le monde. C’est pour moi la chose la plus importante : Nos produits doivent être accessibles par tout le monde.
3/ Etre durable, c’est également respecter tous les acteurs de notre filière.
4/ Durable, c’est aussi respecter l’environnement.
Bien sûr, il existe de nombreux labels et certifications qui donnent bonne conscience à tout le monde. Mais ce n’est pas la solution. Obtenir un label ne garantit pas que les acteurs adoptent la solution optimum pour toujours.
Une illustration?
Nous produisons en Flandre qui sont les terres les plus chères au monde (jusqu’à 100.000€/ha). Nous respectons les normes européennes qui sont les plus contraignantes du monde, on est respectueux socialement (notre heure ouvrier coute 25€/h) et avec tout ça, on parvient à être rentable !
La preuve que l’on sait compenser tout ceci avec de l’intelligence et de la créativité.
On n’a pas de label Fair-Trade, et pourtant qui est plus durable que notre organisation ?
Néanmoins, on est très intéressé par le bio, mais nous devons aussi nous servir de l’apport technologique pour nourrir la planète.
Lorsque certains prétendent que la solution absolue est de planter des fraises en pleine terre, ont-ils pensé aux travailleurs qui doivent les ramasser à genoux ? Chez Greenyard, nous pensons que la solution la plus durable est de les cultiver en hydroponie, à hauteur d’homme. Cela est difficile à expliquer au consommateur, mais on va y arriver.
Avec l’apport et la vulgarisation de la technologie, on a su créer un business local to local qui permette d’obtenir des produits durables pour les producteurs, et de bons prix, une bonne qualité pour le consommateur. »
Fructidor.com : « Quels sont les premiers chantiers de votre présidence ? »
Hein DEPREZ : « Nous devons intégrer de jeunes managers qui savent analyser, qui trouvent des optimisations sur toute la chaîne. Notre société doit être ouverte sur l’innovation, avec des jeunes capables de capter les nouvelles tendances. C’est pour cela que nous avons déjà opéré des changements, en donnant des responsabilités à des managers de 25/40 ans pour mettre la société dans la bonne direction. »
Fructidor.com : « Quel est votre vision concernant les innovations technologiques comme le « vertical farming » ?
Hein DEPREZ : « Il y a 35 ans, je produisais déjà des champignons sur 8 niveaux. Le vertical farming n’est pas nouveau ! »
« Je suis très intéressé par toutes ces innovations qui vont créer de nouvelles opportunités. Par example les containers avec des unités de « vertical farming ». Ces conteneurs donnent la possibilité aux consommateurs de voir ces unités et de comprendre les bénéfices de la technologie dans ce domaine. »
Fructidor.com : «Vous étiez récemment en discussion pour le rachat de DOLE. Finalement c’est TOTAL PRODUCE qui a remporté le deal. Est-ce un échec ?
Hein DEPREZ : « Nous avons interrompu nos discussions, car le prix demandé nous semblait trop élevé. »
« Mais, c’est très bien que TOTAL PRODUCE ait conclu ce deal. On a besoin de certaines consolidations dans notre secteur. Cette consolidation créera une certaine dynamique dans notre secteur. »
« Je m’explique, plus il y aura de consolidation, plus on aura de possibilités de créer de nouvelles initiatives, de développer de nouvelles niches. Nous avons besoin de consolidation, car cela va stimuler la créativité. »
« Cela peut vous paraître idéaliste, mais en étant idéaliste, nous avons su montrer que nous savions faire des affaires ! »
Fructidor.com : « Dans votre fonction, quel est l’élément le plus difficile à gérer ? »
Hein DEPREZ : « Aujourd’hui, le plus difficile est de changer les mentalités. Il m’appartient de créer une mentalité capable d’implémenter des changements. Ceci est beaucoup plus facile avec de jeunes managers. Et bien sûr, il faut beaucoup travailler. »
« Je répète souvent à mes équipes : « Ce qu’on a créé aujourd’hui - dans le meilleur des cas - ça peut être une fondation pour le futur. Mais une fondation cela reste dans la terre. Pour inventer les solutions de demain, nous devons innover. »
Contact : Greenyard
www.greenyard.group