Rétrospective d'un siècle et solutions pour l'avenir de la tomate

Le directeur de production de l'entreprise de tomate Duroc (Groupe Delassus), Said Ouraich, a donné lors de la 1ère Morocco Tomato Conference à Agadir une rétrospective historique de la filière tomate et quelques mises en perspective.

 

"Il a fallu attendre 2012 pour établir une carte génomique complète de la tomate. La grande surprise est que la tomate compte 37 000 gènes, soit plus que les humains, qui en ont environ 20 000", a déclaré Said. Le Maroc est devenu en 2018 le 15ème producteur mondial de tomate et en 2022 le 4ème exportateur de tomate fraîche, un siècle seulement après l'introduction de la variété dans le pays par les Espagnols.

 

 

 

Migration vers le Sud, IPM et menace virale

 

La production de tomates a migré vers la vallée du Souss il y a environ 40 ans, lorsque le pays s'est engagé dans un remembrement agricole national. Les pratiques de lutte intégrée contre les nuisibles (IPM/Integrated pest management), l'agriculture intensive, la pollinisation par les abeilles, les serres anti-insectes contre les vecteurs de virus, les certifications ISO et GAP, la concurrence, les variétés spéciales et la segmentation ont été les principaux défis et progrès de l'industrie marocaine de la tomate jusqu'en 2010.

 

 

 

Les variétés de spécialités, principales exportations depuis 2022

 

 

Historiquement producteur de tomates rondes, le Maroc a commencé à exporter  principalement des variétés de tomates cerises et tomates cocktails en valeur depuis 2022. Environ 6 000 ha de tomates de serre sont cultivés dans la vallée du Souss, dont 2 500 ha sont des variétés spéciales. Près de la moitié de la culture de tomates (2 800 ha) est réalisée sous systèmes hydroponiques, plus productifs et durables. Les baies sont devenues une culture « concurrente », en raison de leur rentabilité. La vallée du Souss cultive aujourd'hui environ 2 500 ha de baies, dont 1 400 ha en culture hydroponique. Les systèmes de surveillance des cultures de nouvelle génération sont testés et adoptés par les plus grands agriculteurs, afin d'adapter l'irrigation aux besoins de la plante, à l'évaporation et aux paramètres climatiques intérieurs.

 

 

 

Défis futurs : nouveaux virus et changement climatique

 

Une combinaison de diverses mesures de protection est l’approche recommandée face aux nouvelles menaces sanitaires, car aucune solution n’est efficace à 100 %. Variétés résistantes ou tolérantes, biostimulants, solutions de protection des cultures biologiques et produits chimiques combinés ont été appliqués ensemble contre le dernier ravageur comme Tuta Absoluta, qui a commencé à apparaître au Maroc en 2020, également contre le nouveau virus T0BRTV depuis la saison dernière. Le Maroc se révèle extrêmement résilient face à la pénurie d’eau et à la grave sécheresse qui frappe la vallée du Sous depuis plus de 4 ans. Des usines de dessalement sont rapidement construites dans le pays par le gouvernement, de plus en plus d'agriculteurs se tournent vers les systèmes hydroponiques, ce qui représente jusqu'à présent 30 % des serres de la vallée du Souss. Saïd Ouraich a également constaté que la culture des tomates est beaucoup plus économe en eau que celle des baies : il faut 40 à 75 mètres cubes d'eau par kilo de tomate, contre 200 à 400 mètres cubes d'eau par kilo pour les baies. Selon Said, l'utilisation de l'énergie solaire pour chauffer les serres en hiver est l'une des solutions futures pour améliorer la durabilité et la productivité.

 

 

 

Chiffres clés du Groupe Delassus

 

Il s'agit d'un groupe d'entreprises familiales avec un héritage de plus de 75 ans d'existence et d'excellence en horticulture. Le Groupe Delassus commercialise uniquement sa propre production, cultivant plus de 2800 ha d'agrumes, de raisins, de fleurs, d'avocats et de tomates. Sa division tomates, Duroc, est spécialisée dans les tomates snacking, dont plus de 600 ha sont cultivés sous serre. Le groupe emploie au total 6 500 personnes. Dans le cadre de sa responsabilité d’entreprise et sociale (RSE), elle est fière de fonder la Fondation Sanady, engagée à faire progresser l’éducation des enfants des travailleurs.

 

 

 

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