La production d'avocats au Michoacán atteint ses limites
Mexico
Tuesday 13 February 2024
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Les agriculteurs et les experts estiment que les terres du Michoacán supportent une trop grande extension des cultures et, surtout, que le type de vergers, dans lesquels la déforestation des forêts et la monoculture abondent, contribue à l'effondrement qui se profile (Photo: elsoldepuebla.com.mx).
Situé à l'ouest du Mexique, l'état du Michoacán est un acteur majeur dans la production mondiale d’avocats.
À la fin des années 1990, le Michoacán a réussi à répondre aux exigences des États-Unis pour l'export des avocats vers le marché américain. Depuis, le volume des exportations n'a cessé d'augmenter : à l'occasion du Super Bowl, l'édition LVIII de l'événement le plus important de la ligue de football de la NFL, les douanes mexicaines estiment qu'environ 110 000 tonnes d'avocats ont été expédiées vers le marché américain.
Cette expansion des exportations et de la production a entrainé une modification des paysages dans l'état du Michoacán. Les forêts luxuriantes de pins ont été remplacées par des hectares de plantations d’avocats. Des lacs ont même été réduits en flaques d’eau et d'autres se sont même complètement asséchés.
Les agriculteurs et les experts estiment que les terres du Michoacán supportent une trop grande extension des cultures et, surtout, que le type de vergers, dans lesquels la déforestation des forêts et la monoculture abondent, contribue à l'effondrement qui se profile.
Nacho Simón, agronome du Michoacán, explique que, selon les normes américaines, l'objectif est d'avoir des avocats « propres », sans mauvaises herbes à la base, ce qui conduit à l'utilisation d'herbicides qui finissent par contaminer les eaux souterraines.
À cela s'ajoute 'l'épuisement de l'eau' dû aux caractétistiques de l'avocat, qui nécessite des milliers de litres pour produire seulement 1 kg, contrairement aux forêts de pins qui favorisent l'humidité.
La survie de l’or vert
De son côté, Cuauhtémoc Montero, ingénieur chimiste et propriétaire de plusieurs vergers à Tancítaro, affirme que dans son ranch il n'a pas eu recours à la déforestation ou à l'élimination d'autres espèces.
Il explique que la culture de l'avocat doit être réalisée de manière à ce que nous puissions vivre et coexister avec toutes les plantes et arbres indigènes de la région. Certains producteurs choisissent d’éliminer les pins, les chênes et d’éradiquer toute végétation pour planter des avocatiers mais tout cela entraîne d’importants problèmes de maladies dans les sols.
Tous deux, forts de leurs années d’expérience, considèrent que la culture des avocats dans le Michoacán a atteint ses limites. Continuer sur le modèle actuel mène à la catastrophe et de plus les générations suivantes n'auront pas de terres à cultiver.
"Les producteurs d'avocats doivent prendre soin de l'environnement. Nous devons être socialement responsables, écologiquement responsables et économiquement responsables, car si nous n'en prenons pas soin, le modèle économique peut s'effondrer", dit-il.
Concernant la responsabilité des autorités étatiques et fédérales, ils considèrent que les lois mexicaines sur la gestion écologique et forestière sont adéquates, mais que la corruption contribue à une déforestation incontrôlée et au manque d'équité dans la requalification de l'utilisation des terres.
source : agencia efe